Le projet de suspension de l’indexation des prestations sociales pour 2026 inquiète associations et bénéficiaires. Dans un contexte de hausse continue des loyers, les plus fragiles pourraient être les grands perdants.
Des publics déjà fragilisés en première ligne
Jeunes sans emploi, retraités modestes, familles monoparentales… La perspective d’un gel des aides sociales toucherait d’abord les foyers les plus vulnérables.
À Pau, Lucas, 24 ans, vit en résidence sociale grâce à une aide au logement :
« Avec mes 1 000 € par mois, impossible de louer un studio classique. Si l’APL ne suit plus, je suis à la rue. »
Un écart qui se creuse entre loyers et aides
Les chiffres sont clairs :
- +3 à +5 % de hausse annuelle des loyers depuis 2021
- +0 à +1 % pour les APL sur la même période
Résultat : le reste à charge explose.
Un exemple concret :
- En 2020 : une APL de 300 € couvrait 50 % d’un loyer de 600 €
- En 2025 : ce même montant ne couvre plus que 40 % d’un loyer désormais à 750 €
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Les retraités modestes sous pression
Martine, 67 ans, vit avec le minimum vieillesse (ASPA) :
« Avec 900 € par mois, je dois choisir entre mon loyer ou le chauffage. »
Si l’ASPA est gelée, l’équilibre financier devient impossible. Et ce sont des milliers de retraités comme elle qui pourraient basculer dans la précarité énergétique et locative.
Les associations alertent sur une bombe sociale
Des acteurs comme la Fondation Abbé Pierre, les CCAS ou les réseaux d’insertion tirent la sonnette d’alarme :
« Geler les aides sans indexation, c’est ignorer la réalité du terrain et aggraver la fracture sociale. »
Ils demandent :
- Une indexation automatique sur l’évolution des loyers
- Des compléments d’aides pour les zones tendues
- Une approche ciblée, plutôt qu’un gel généralisé
Vers une spirale de précarité ?
Sans ajustement des aides :
Augmentation des impayés de loyer
Hausse des procédures d’expulsion
Saturation de l’hébergement d’urgence
La mesure budgétaire envisagée pourrait donc coûter plus cher à long terme, tant sur le plan social qu’économique.
Préserver le budget ou garantir le droit au logement ?
Alors que 2026 approche, le débat est lancé. Faut-il maintenir l’équilibre des finances publiques au prix de sacrifices sociaux, ou reconnaître le logement comme un droit fondamental, à protéger même en période de rigueur budgétaire ?
Un choix difficile
Le gel des aides sociales, s’il est confirmé, risque de fragiliser des milliers de foyers déjà en difficulté. À l’heure où la crise du logement s’intensifie, l’État devra choisir entre comptabilité budgétaire et solidarité sociale.
