La Sécurité sociale s’enfonce dans une spirale déficitaire. Malgré des mesures d’économies prévues pour 2026, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : le système fait face à une impasse financière préoccupante à moyen terme.
Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 est sur la table de l’Assemblée, un rapport de la Cour des comptes, publié le 3 novembre, vient douché les espoirs d’un redressement rapide. Le déficit reste massif, les recettes trop faibles, les dépenses toujours dynamiques. Et derrière les chiffres, un risque bien réel : celui d’une Sécurité sociale incapable d’honorer ses engagements… faute de trésorerie.
Un déficit structurel aggravé
En 2025, le déficit global de la Sécu devrait atteindre 23 milliards d’euros, soit un milliard de plus que l’objectif initial. En deux ans, le déficit aura plus que doublé, porté par des recettes fiscales trop optimistes et des dépenses sociales toujours en hausse.
En 2024, le déficit s’élevait à 15,3 milliards. En 2025, il atteint son plus haut niveau depuis 2012, hors période Covid.
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Toutes les branches plongent, sauf une
Parmi les différentes branches de la Sécurité sociale, seule la branche Famille reste excédentaire. Les autres sont dans le rouge :
- Branche Maladie : –17,2 milliards €
- Branche Vieillesse (retraites) : –5,8 milliards €
- Branche Accidents du travail & Autonomie : légèrement déficitaires
Les hôpitaux sont particulièrement touchés : près de deux tiers sont déficitaires, avec un niveau de pertes inédit selon la Cour.
Des recettes fragiles face à des dépenses qui accélèrent
Malgré une hausse ponctuelle des recettes (+6,7 milliards en 2025), notamment grâce à la réduction de niches sociales, la croissance globale des ressources ne dépasse pas 2,4 %, freinée par une conjoncture économique morose (croissance attendue à 0,7 %).
En parallèle, les dépenses progressent de 3,7 %, après +5,4 % en 2024, alimentées par :
- la dynamique naturelle des prestations sociales,
- des besoins croissants en santé et en vieillesse,
- et malgré un début d’économies issues de la réforme des retraites.
Le plan du gouvernement pour 2026 : ambitieux mais incertain
Le budget 2026 prévoit :
- 11 milliards d’économies sur les prestations sociales, retraites et assurance maladie,
- 2 milliards de recettes supplémentaires, notamment via des réformes des exonérations de cotisations.
Objectif : ramener le déficit à 17,5 milliards d’euros.
Mais pour la Cour des comptes, ce scénario repose sur des bases trop optimistes. Elle parle de « fortes incertitudes » et dénonce un cadrage économique « volontariste », loin de la réalité du terrain.
Un risque de liquidité pour la Sécurité sociale
La Cour alerte sur un danger immédiat : le risque que l’Acoss (organisme chargé de la trésorerie de la Sécu) manque de liquidités, ne pouvant plus faire face aux décaissements mensuels.
Sa capacité d’endettement est plafonnée à 65 milliards d’euros. Or, à ce rythme, l’Acoss pourrait être contrainte d’emprunter à nouveau massivement… ce qui nécessiterait un transfert de dette vers la Cades (l’organisme chargé d’amortir la dette sociale).
Vers un retour de la dette sociale ?
La Cour propose une solution : transférer la dette de l’Acoss vers la Cades, comme cela avait été fait en 2020 (à hauteur de 136 milliards). Problème :
- Cela suppose un retour à l’équilibre de l’Acoss, sous peine de reconstituer immédiatement une nouvelle dette.
- Il faut voter une loi organique pour modifier le calendrier de la Cades, ce qui implique un passage constitutionnel complexe et politiquement sensible.
Une alerte politique sur le pilotage du système
La Cour des comptes conclut à l’urgence d’un « pilotage cohérent » et d’un véritable débat sur le niveau de ressources que la nation veut accorder à sa protection sociale.
En 2025, la Sécurité sociale fête ses 80 ans… mais dans un contexte de déséquilibre chronique. Elle était à l’équilibre en 2019, avant la crise sanitaire et les réformes successives.
Conclusion
Face à un déficit qui s’aggrave et à un financement toujours plus incertain, la Sécu semble prise dans une spirale dangereuse. Le gouvernement tente de gagner du temps avec des économies ciblées, mais pour la Cour des comptes, c’est une impasse à moyen terme. Et sans consensus politique, la question du financement de la solidarité nationale risque de rester sans réponse.
Que pensez-vous des solutions proposées pour rétablir l’équilibre ? Faut-il revoir le périmètre des prestations ou augmenter les cotisations ? Partagez votre avis en commentaire.
