La saison de la coquille Saint-Jacques démarre avec des prix bas sur les étals normands. Entre abondance, coûts de production et manque de reconnaissance hors saison, le défi est de taille pour les pêcheurs.
Des prix attractifs… pour l’instant
À Courseulles-sur-Mer, le marché aux poissons affiche en ce début de saison un tarif de 5 €/kg pour les coquilles entières, voire 55 € la boîte de 10 kg de noix décoquillées.
« C’est correct, mais si on vend plus cher, ça ne partira pas », explique un pêcheur local.
Ce prix pourrait grimper avec l’ouverture de la baie de Seine le 3 novembre, qui marque traditionnellement le début des grosses commandes pour les fêtes.
Le cri du cœur des professionnels
Malgré cette période favorable, les prix à la criée restent décevants : 2,34 €/kg à Port-en-Bessin début octobre, selon Jérôme Vicquelin, président de Normandie fraîcheur mer.
« On espérait au moins 3 euros, mais il y a une forte offre. C’est le début de saison, le marché doit se construire. »
Même son de cloche du côté du comité régional des pêches, qui souhaite revaloriser les prix à la production, stables depuis trente ans.
Une ressource abondante… mais mal valorisée
Contrairement à d’autres produits de la mer, la coquille Saint-Jacques n’est pas rare, et c’est là tout le paradoxe.
« Ce n’est pas comme le homard, explique une vendeuse à Courseulles. La coquille, il y en a toujours, mais ça ne suit pas en termes de prix. »
Pour les pêcheurs, les marges sont minces :
- 700 € de gazole par semaine pour un petit bateau
- Charges du personnel et d’entretien élevées
- Aucune aide carburant
Et pourtant, vendre au-delà de 6 à 8 €/kg serait « suicidaire », selon plusieurs professionnels.
Une image encore trop festive
Le prix chute dès janvier, une fois les fêtes passées. En baie de Seine, la moyenne en criée tournait autour de 2,60 €/kg de janvier à mai 2025.
Le constat est clair : la coquille Saint-Jacques reste cantonnée à Noël, alors qu’elle pourrait se consommer toute l’année.
« On nous en demande en été… alors que la pêche est fermée ! », témoigne une vendeuse.
La solution ? Développer de nouveaux débouchés, notamment à l’export et auprès des enseignes grand public, mais aussi éduquer le consommateur à sa valeur culinaire au-delà du réveillon.
Un équilibre fragile à maintenir
Entre coûts croissants et clients plus prudents, trouver un prix juste devient un casse-tête.
La stratégie des pêcheurs normands repose souvent sur des quotas bien calibrés : 1,8 tonne en baie de Seine, vite atteinte, ce qui permet de limiter les sorties et d’éviter une chute des cours.
Mais faute d’interprofession solide pour structurer la filière, les producteurs peinent à parler d’une seule voix.
Des actions comme la « Grande Débarque » permettent de donner un coup de projecteur, mais le potentiel de la coquille Saint-Jacques reste sous-exploité.
En conclusion
La coquille Saint-Jacques est un trésor normand abondant, mais encore fragile économiquement. Si la saison démarre bien côté prix pour les consommateurs, les pêcheurs espèrent que cette année marquera un tournant vers une meilleure valorisation, notamment hors des pics festifs.
Et vous, la consommez-vous hors période de fêtes ? Partagez vos recettes ou vos astuces de congélation en commentaire.
