Alors qu’elle devait reculer jusqu’à près de 70 ans d’ici 2051, l’Italie pourrait finalement geler l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans. Une décision à contre-courant de la tendance européenne, qui fait débat entre soulagement social et risque budgétaire.
Une réforme inattendue dans un contexte tendu
Le gouvernement de Giorgia Meloni s’apprête à suspendre le mécanisme d’ajustement automatique de l’âge de la retraite instauré après la crise des dettes souveraines européennes.
Jusqu’ici, ce dispositif liait l’âge de départ à la retraite à l’évolution de l’espérance de vie, avec une hausse programmée à 69 ans et 6 mois en 2051.
Mais selon le Financial Times, Rome veut désormais geler ce relèvement à 67 ans, au moins jusqu’en 2029.
Une mesure symbolique : elle rompt avec la rigueur imposée par Bruxelles au début des années 2010 et répond aux revendications sociales montantes.
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Un mécanisme jugé trop brutal pour les travailleurs
Depuis 2019, la loi italienne prévoit une révision automatique tous les deux ans de l’âge de départ, selon les données démographiques de l’institut national Istat.
La prochaine hausse prévue devait porter le seuil à 67 ans et 3 mois dès 2027.
Mais plusieurs membres du gouvernement, notamment Claudio Durigon (Lega) et Giancarlo Giorgetti (ministre des Finances), dénoncent une “politique brutale envers les travailleurs”.
Durigon plaide pour un retour à une approche “humaine et sociale”, tandis que Giorgetti reconnaît qu’un gel temporaire est “en discussion”, dépendant de la conjoncture économique.
Ce recul serait une première en Europe, où la plupart des États prolongent l’activité pour soutenir leurs régimes de retraite.
Le dilemme économique : soulagement social, coût budgétaire
Si la mesure est populaire, elle inquiète les économistes.
L’Italie affiche déjà une dette publique de 135 % du PIB, et supprimer l’indexation sur l’espérance de vie alourdirait encore la facture.
Selon les projections, ce gel pourrait coûter 0,4 point de PIB d’ici 2040 et porter la dette à 139 % du PIB en 2031, contre 132 % si le mécanisme restait en place.
Tito Boeri, ancien président de l’Istat, alerte :
“Ce mécanisme est une garantie de stabilité à long terme. Le modifier risquerait d’aggraver la dette et de menacer la confiance des marchés.”
Le défi du vieillissement démographique
Le choix du gouvernement s’inscrit dans un contexte démographique alarmant.
Avec une fécondité de seulement 1,2 enfant par femme, l’Italie est l’un des pays les plus vieillissants d’Europe.
La proportion de retraités augmente rapidement, accentuant le déséquilibre entre actifs et inactifs.
Geler l’âge de départ à 67 ans pourrait soulager à court terme les générations proches de la retraite, mais fragiliser le système sur le long terme.
Les experts estiment que sans relèvement progressif ou réforme structurelle, le financement des pensions pourrait devenir insoutenable d’ici 2045
Une décision à forte portée politique
En pleine période de tensions sociales et de croissance en berne, Giorgia Meloni joue une carte politique sensible :
- Rassurer les électeurs face à la hausse du coût de la vie,
- Conserver la stabilité sociale à l’approche des élections régionales de 2026,
- Tout en préservant la crédibilité financière du pays vis-à-vis de Bruxelles et des agences de notation.
Ce gel pourrait ainsi n’être que temporaire, avant un éventuel retour du mécanisme d’ajustement après 2029.
En résumé
- Âge actuel de départ : 67 ans
- Gel envisagé jusqu’en 2029
- Âge prévu initialement : 69 ans et 6 mois en 2051
- Risque budgétaire : +0,4 point de PIB d’ici 2040
- Motif politique : calmer le mécontentement social et préserver le pouvoir d’achat des seniors
Et vous, pensez-vous qu’un gel de l’âge de départ soit une bonne solution face au vieillissement de la population ? Votre avis nous intéresse dans les commentaires.
